đŸș Le grand retour des amphores dans le monde du vin – entre tradition antique et technologie douce

Une invention millénaire

Les amphores font partie des plus anciennes inventions de l’humanitĂ© en matiĂšre de conservation et de transport de liquides. On en retrouve des traces dĂšs le 4e millĂ©naire avant J.-C., notamment en MĂ©sopotamie et en Égypte, mais ce sont surtout les GĂ©orgiens qui ont Ă©tĂ© les vĂ©ritables pionniers de l’usage Ɠnologique des amphores.

En GĂ©orgie, les qvevris, grandes jarres en terre cuite enfouies dans le sol, sont utilisĂ©es depuis plus de 8 000 ans pour fermenter, Ă©lever et stocker le vin. Cette tradition est tellement enracinĂ©e qu’elle a Ă©tĂ© classĂ©e au patrimoine culturel immatĂ©riel de l’humanitĂ© par l’UNESCO.

Abandonnées, puis redécouvertes

Avec le temps, les amphores ont été progressivement remplacées par les barriques en bois, plus pratiques pour le transport et la gestion des volumes. Mais depuis les années 1990-2000, une nouvelle génération de vignerons a commencé à réexplorer cette méthode ancestrale, notamment dans les mouvances du vin nature et de la biodynamie.

Pourquoi ce retour ? Parce que l’amphore offre des avantages techniques et philosophiques uniques :

✹ Micro-oxygĂ©nation naturelle sans intervention mĂ©canique 🍇 NeutralitĂ© aromatique : aucun arĂŽme boisĂ©, le vin exprime uniquement le fruit et le terroir đŸŒĄïž Bonne inertie thermique : la tempĂ©rature varie lentement, ce qui est bĂ©nĂ©fique pour la fermentation

Un usage qui s’étend, mĂȘme Ă  Bordeaux

L’amphore n’est plus l’apanage des vignerons marginaux ou « alternatifs ». Elle sĂ©duit aujourd’hui des domaines prestigieux, y compris dans des rĂ©gions traditionnelles, trĂšs ancrĂ©es dans l’usage de la barrique, comme Bordeaux.

Par exemple :

Le ChĂąteau Pontet-Canet (5e Grand Cru ClassĂ© Ă  Pauillac) utilise des amphores en bĂ©ton ou en argile pour une partie de ses Ă©levages. ChĂąteau Durfort-Vivens l’intĂšgre dans tous ces vins, pour certain cela reprĂ©sente mĂȘme 80% de l’élevage en amphore.

Le ChĂąteau La Dominique Ă  Saint-Émilion a introduit les amphores pour des micro-vinifications afin de prĂ©server la puretĂ© du fruit. Le ChĂąteau Le Puy, rĂ©fĂ©rence du vin nature bordelais, travaille Ă©galement avec la terre cuite.

On les retrouve aussi dans des domaines de la Loire, du Languedoc, du RhÎne, en Bourgogne, en Italie (notamment chez COS ou Gravner), en Espagne (tinajas), et bien sûr en Géorgie.

Pas seulement pour le vin

L’usage des amphores ne se limite pas Ă  l’univers viticole. On les retrouve Ă©galement :

En olĂ©iculture : pour la fermentation ou la conservation de certaines huiles d’olive haut de gamme. Dans la brasserie artisanale : certaines biĂšres de fermentation spontanĂ©e sont Ă©levĂ©es en amphore. En parfumerie et cosmĂ©tique naturelle : pour la macĂ©ration d’ingrĂ©dients sans interaction chimique. En architecture Ă©cologique : utilisĂ©es comme Ă©lĂ©ments d’humidification naturelle dans certaines constructions bioclimatiques.

Une technologie douce au service du vin

Ce qu’on appelle aujourd’hui « technologie douce » dans le vin, c’est une forme de maĂźtrise sans artifice, oĂč la forme, le matĂ©riau et l’environnement suffisent Ă  influencer positivement l’évolution du vin. Les amphores en sont une parfaite illustration.

Elles ne sont ni rĂ©trogrades, ni uniquement symboliques : elles offrent une alternative sĂ©rieuse Ă  la barrique et Ă  l’inox, notamment pour des vins oĂč l’expression du raisin prime sur le style de l’élevage.

📌 En rĂ©sumĂ©

Les amphores sont l’un des plus anciens outils de vinification, avec 8000 ans d’histoire. Leur retour dans les caves modernes s’inscrit dans une recherche de puretĂ©, d’équilibre et d’authenticitĂ©. Elles sont utilisĂ©es aujourd’hui par des vignerons innovants
 et mĂȘme par des grands noms bordelais. Plus qu’un effet de mode, elles incarnent une vision durable et artisanale du vin.

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